Sally Nyolo : l’architecte des musiques-mondes

Née au cœur du pays Eton, berceau des traditions musicales camerounaises, Sally Nyolo puise son inspiration dans les chants quotidiens de sa mère et de ses tantes, rituels domestiques transformés en épopées sonores.

Arrivée à Paris à 13 ans, elle forge d’abord son art dans l’ombre des grands noms – Higelin, Touré Kunda, Princess Erika – comme choriste visionnaire, avant de révéler sa propre voix. Sa rencontre avec Marie Daulne (Zap Mama) en 1993 marque un tournant : les harmonies a cappella de l’album Sabsylma et leurs tournées planétaires lui offrent une rampe de lancement internationale.

Mais c’est Tribu (1996), premier album solo chanté en langue eton, qui révolutionne les codes de la world music : percussions organiques et mélodies rhizomées valant à Sally le Prix Découverte RFI. Sept albums solo jalonnent trois décennies d’innovation, de Multiculti à Tiger Run, en passant par La nuit à Fébé, où le bikutsi croise le slam et le jazz expérimental. Son secret ? Un équilibre entre racines et modernité : les lamelles de bois répondent aux synthétiseurs, les chants polyphoniques aux narrations urbaines.

L’engagement à cœur : ambassadrice UNICEF, elle combat le mariage précoce via Zayèné, comédie musicale pédagogique. En 2024, son projet « Un soir au coin du feu » réinvente les contes traditionnels en œuvres transmédia primées par la SACEM, mêlant livre augmenté et mélodies interactives.

Sanctuaire d’une Afrique sonore en perpétuel devenir, son œuvre est couronnée du Prix de la Francophonie à la médaille de l’Ordre de la Valeur, et son parcours est exposé au Musée de l’Histoire de l’Immigration (Paris) comme au Musée National du Cameroun (Yaoundé).